LE SITE HISTORIQUE  - PARC JEAN DE QUEN

Bien avant l'arrivée des blancs au lac St-Jean, le lieu situé à l'embouchure de la Metabetchouane est le site de rassemblements d'amérindiens de toutes les tribus des environs.  Le père Albanel, Jésuite, note en 1672:

«C'était autrefois l'endroit où toutes les nations qui sont entre les deux mers, celle de l'est (le St-Laurent) et celle du nord (la Baie d'Hudson) se réunissaient pour faire leur commerce et leurs ententes.   J'y ai vu plus de vingt nations assemblées».

Le premier Blanc à y débarquer sera le père Jean De Quen, celui-là même qui donna son nom au lac St-Jean, en 1647.

«Ce lac est si grand, écrit-il, qu'à peine en voit-on les rives; il semble être d'une figure ronde, il est profond et fort poissonneux; on y pêche des brochets, des perches, des saumons, des truites, des poissons dorés, des poissons blancs, des carpes et quantité d'autres espèces».

«Il est environné d'un pays plat, terminé par de hautes montagnes éloignées de trois ou quatre ou cinq lieues de ses rives.  Il se nourrit des eaux d'une quinzaine de rivières, qui servent de chemin aux petites nations qui sont dans les terres pour venir pêcher dans ce lac et pour entretenir le commerce et l'amitié qu'elles ont entre elles.  Nous voguâmes quelque temps sur ce lac et enfin nous arrivâmes au lieu où étaient les sauvages de la nation du Porc-Épic.» (Relations des Jésuites, 1647)

C'est à Pierre Bécart de Grandville qu'est confiée la tâche d’aller fonder un poste au Lac-Saint-Jean.   Le 8 juin 1676, il choisit l'entrée de la Métabetchouane, sur le côté nord-ouest, pour y faire construire une chapelle, une maison et une croix.  De Grandville laisse M. de la Montagne sur place.  Il a la tâche de réaliser les travaux pendant que lui et Jean Langlois partent pour établir le chef-lieu du réseau: Chicoutimi.  Le 12 septembre, la construction est arrêtée pour être reprise l'année suivante.  La chapelle sera terminée le 10 juillet 1677, aux frais de Charles Bazire.

La mission de Métabetchouan est placée sous le patronage de Saint Charles Borromée.   Le père Crépieul revient au cours de l’hiver 1677 por prendre en charge la nouvelle mission au grand bonheur des Indiens qui l’accueillent à bras ouverts. 

 À la fin du XVIle siècle plusieurs bâtiments y sont déjà aménagés: une maison, un magasin pour la traite, une chapelle, une maison pour les missionnaires et un bâtiment pour les animaux de la ferme.   L'endroit constitue alors le centre économique du Lac-St-Jean et des environs.   Les Blancs prennent la fourrure que les Amérindiens leur apportent contre des articles ménagers, des ou tils et des armes.   À la fin du XVIle siècle, le poste décline au profit de celui de Chicoutimi.  Il sera finalement abandonné.

L'activité commerciale du lieu ne reprendra que sous l'impulsion de la Compagnie du Nord-Ouest et de la compagnie de la Baie d'Hudson, à la fin du XVIIIe siècle.  En 1828, le poste comprend une maison, un hangar, une boulangerie, une étable et un jardin.   En 1880, le poste de traite de Métabetchouan ferme définitivement ses portes.  Tous les bâtiments qui le composent sont déménagés à la Pointe-Bleue.

La vieille poudrière constitue le seul vestige et le seul témoin de cette époque mercantile.  Le ministre des Affaires culturelles du Québec l'a classé monument historique. 

À la construction du chemin de fer en 1891-1892, on exhume des ossements provenant du cimetière amérindien.  On les dépose dans une fosse commune non loin de la poudrière.  Puis, un peu plus tard, Louis Desbiens y plantera une croix.  C'est à cette croix que, de 1911 à 1926, les paroissiens de St-Jérôme, ayant à leur tête leur curé, l'abbé Louis-Émilien Boily, viennent prier en pèlerinage annuel.  Par après, pour remplacer la croix, on déposera une plaque sur le sol:

«À ceux qui reposent dans la terre du poste.  Site de la croix plantée par Louis Desbiens en 1896 et lieu de pèlerinages annuels».