Histoire du poste en résumé

Extrait de...
Inventaire archéologique des berges de la rivière Métabetchouane.
pp 6 à 11, Marcel Laliberté, 1985
 

Les premiers contacts des populations de la région avec les blancs coïncident avec le début de la période protohistorique soit vers 1550.  C'est en 1600, date de l'établissement du comptoir de Tadoussac par Pierre Chauvin que ces contacts s'officialisent.

Dans ses Relations de 1626, le père Lallemant fait état de l'importance de la traite à Tadoussac et rapporte que, certaines années, jusqu'à vingt navires étaient rassemblés dans le port.  Il énumère même certains des biens échangés avec les populations autochtones:

"à savoir, des capots, des couvertures, bonnets de nuict, chapeaux, chemises, draps, haches, fers de flesches, aleines, espées, des tranches pour rompre la glace en hyuer, des cousteaux, des chaudières, pruneaux, raisins, du bled d'Inde, des pois, du biscuit ou de la galette et du petun" (R.J., 1626, p.5)

Certains documents historiques du XVIle siècle attestent que les nations établies dans la région du Saguenay ainsi qu'autour du lac Saint-Jean entretenaient des contacts directs ou indirects avec les traiteurs et les missionnaires français de Tadoussac (TREMBLAY, 1974: 27-38).

Les Français désignaient les Amérindiens de souche algonquine habitant ce territoire du nom de Montagnais ou Montagnarde.  Quant aux habitants du lac Saint-Jean, ils étaient identifiés à la bande des Kakouchaks ou porcs-épics.

Pendant plusieurs années, les Montagnais qui traitaient au poste de Tadoussac ont, semble-t-il, découragé les missionnaires et les commerçants de s'aventurer dans les régions du Haut Saguenay et du lac Saint-Jean afin de préserver leur contrôle du commerce des fourrures avec les nations plus éloignées à l'intérieur des terres.

(C’est dans ce contexte d’ailleurs que le père Jean De Quen vint au lac St-Jean en 1647, guidé par des Amérindiens jusqu’à l’embouchure de la rivière Métabetchouane.  Il fut donc ainsi le premier blanc à visiter le gand lac.) 

La création de la Traite de Tadoussac en 1652 et l'installation des Anglais à la baie d'Hudson en 1668 devaient toutefois briser l'hégémonie des Montagnais sur la traite.  Les guerres iroquoises  ont aussi contribué au démantèlement de l'ancienne structure commerciale.

Désireux de réactiver les échanges, les Français construisirent une maison à Chicoutimi en 1671, puis le poste de Chicoutimi et celui de la rivière Métabetchouan en 1676 , ce qui marque la fin de la période protohistorique.

Avec l'ouverture de ce poste, commence la période historique proprement dite. L'établissement faisait partie de la Traite de Tadoussac, qui a été affermée, sous le régime français, à des individus ou compagnies privées, qui en confiaient souvent l'administration à des sous-fermiers.

Avec le régime anglais, le nom de Postes du Roi remplace celui de Traite de Tadoussac. Dans un premier temps, les Postes du roi sont donnés à bail à des compagnies regroupant quelques associés, puis ils sont affermés à la Compagnie du Nord-Ouest en 1788.  Comme cette compagnie a fusionné avec la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1821, le bail fut transféré à celle-ci.

Les activités du poste furent interrompues pendant une période de temps encore incertaine, de 1696 à 1766 environ   et de 1706 à 1823.   Après leur reprise, elles se sont poursuivies jusqu'en 1880.

 Sous le Régime français, le service de la mission, construite en même temps que le poste, a été assuré, durant sa période de fonctionnement, par les Jésuites.  Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les Oblats érigeront une chapelle et s'occuperont de la nouvelle mission.

Le poste de traite était situé sur la rive est, à l'embouchure de la rivière.  Le nombre et l'emplacement des bâtiments ont sûrement changé durant la période d'occupation.  En attendant les conclusions de l'étude de Michelle Guitard, qui porte sur les archives du poste, il est impossible de s'en faire une idée précise aux différentes époques.

[...]

La quatrième étape de l'évolution socio-économique des localités à l'embouchure de la Métabetchouane se rattache au développement de l'industrie forestière.  Celle-ci, qui a mis à profit l'énergie motrice de la rivière et la richesse des forêts de la région, est à l'origine de la colonisation du territoire par les blancs et de sa désertion par les autochtones.  Les efforts déployés pour constituer une réserve amérindienne à l'embouchure de la rivière en 1853 se sont soldés par un échec.  Les familles préférant s'établir à Pointe Bleue, le projet de réserve fut définitivement abandonné en 1856.

La première phase du développement de l'industrie forestière s'est amorcée avec l'ouverture, par les Price, de chantiers de coupe sur la Métabetchouane vers les années 1850.  Le terrain de la rive ouest, à l'embouchure de la rivière, a servi à entasser les billes d'estacades pendant de nombreuses années.

La deuxième phase est liée à la construction d'une scierie en 1896, qui sera achetée par les Price en 1900.  Plusieurs épreuves ont marqué le développement de cette industrie.  La scierie fut incendiée à deux reprises, en 1900 et 1915, et remplacée par une usine d'écorçage en 1915, dont les installations ont brûlé à leur tour en 1919.  De ce premier noyau d'infrastructure, il ne subsistera pendant quelques années qu'un monte-billots. 

Dès 1922, une usine de pâte et papier fut cependant construite, ce qui relançait l'activité industrielle dans la région. Devenue la Saint-Raymond Paper, cette usine devait fonctionner jusqu'au début des années 1980.

L'essor industriel de la deuxième moitié du XIXe siècle a favorisé le développement de l'agriculture et des réseaux de transport et de communication. Trois événements majeurs ont marqué l'évolution des réseaux de transport: l'entrée en fonction d'un bac pour relier les deux rives de la rivière en 1878, la construction du chemin de fer et d'un pont ferroviaire en 1892 et finalement la construction d'un pont routier en 1921.  Avec le chemin de fer, l'embouchure de la Métabetchouane est devenue un important lieu de correspondance des voyageurs et des marchandises avec un "steamer" qui desservait plusieurs localités autour du lac Saint-Jean.