Un  souvenir d'Edmond-Louis Simard

Le tremblement de terre du 28 frévrier 1925

Ça je m'en souviens très bien. C'était en hiver et il faisait très froid naturellement. C'est arrivé durant la nuit. On demeurait dans la maison dans le rang Belle-Rivière à Hébertville.  À ce moment-là j'avais 6 ans et 2 mois.  On était couché en haut nous-autres. La terre avait tremblé et ça nous avait réveillés. On était réveillé et on étouffait dans la fumée dans la maison. Ils sont venus nous chercher. Chez nous il y avait deux poêles dans la maison: un dans la cuisine et un autre dans la grande maison comme on avait l'habitude de dire. Celui dans la grande maison, c'était une fournaise qu'on chauffait au bois. C'était une fournaise debout. Donc on avait l'habitude de chauffer le poêle avant d'aller se coucher pour garder la chaleur le plus longtemps possible. Nous autres on couchait en haut de la grande maison et l'escalier était là.  La tête de la cheminée s'était brisée sous l'impact du tremblement de terre. Des briques et du mortier étaient tombés à l'intérieur de la cheminée et de la fournaise et ça avait bouché la sortie du tuyau. Donc le poêle qui était dans la grande maison était chauffé à blanc.  Tu ne peux pas éteindre le feu avec un poêle bien rouge, c'est trop risqué. Toute la fumée se répandait dans la maison et de la fumée il y en avait. Il a fallu ouvrir la porte et on gelait comme des cretons.  C'est là qu'ils nous ont sortis et nous ont installés dans la cuisine.

Après avoir fermé la porte, on a passé la nuit là sans sortir parce que dans la grande maison il n'y avait plus de chauffage. Ça avait brassé très dur. Moi j'oserais dire que ça avait brassé plus dur que le tremblement du 25 novembre 1988.

Le lendemain, ils ont monté sur la maison et là ils ont réparé ça comme ils ont pu  temporairement. Ils avaient débloqué le bas de la cheminée en enlevant tous les déchets qui étaient tombés dedans pour pouvoir rallumer le poêle d'en bas afin de pouvoir chauffer la maison. Il y avait même eu de la vaisselle de cassée,  mais l'horloge elle n'était pas tombée. Il y a des endroits où les grosses horloges sur les tablettes étaient tombées par terre sur le plancher à cette occasion-là.

Je me souviens que le dimanche suivant c'est-à-dire le lendemain, j'étais allé à l'église. Dans l'église d'Hébertville, il y avait des grosses colonnes qui sont encore là d'ailleurs. Un grand morceau de plâtre s'était détaché du plafond de la voûte ou de la colonne et était tombé dans notre banc. Ça c'est un souvenir que j'ai toujours en mémoire et que je n'ai jamais oublié. J'avais 6 ans et 2 mois et je m'en souviens très bien.